dimanche 13 avril 2014

Découverte: L'Atelier Gourmand à Uccle



Ma fonction de blogueur me permet parfois d'aller dans des endroits plus ou moins exotiques: Dublin, Colmar, Millau, et cette fois... Uccle!
Oui, Uccle (une des 19 communes bruxelloises), pour moi, c'est exotique: les gens n'y sont pas vraiment comme vous et moi: ils roulent tous (mal) en grosse voiture (ou en mini pour madame), ouvrent les bouteilles de Champagne millésimé comme on ouvre les bouteilles de cidre dans ma famille et parlent en pinçant les lèvres, en utilisant des expressions comme 'Oh, dit, c'est dingue ça, quoi, dit!'. 
Bref, Uccle, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé (même s'il y a des ucclois très sympa, je le sais, j'en connais! ;-)).
Donc quand on m'a proposé un atelier culinaire à 'L'Atelier Gourmand' (472, rue Vanderkindere), je me suis dit que ça valait quand même la peine de sortir de ma commune de pauvre pour aller traîner dans les beaux quartiers... Et j'ai bien fait, car comme le pouvoir d'achat des ucclois est élévé, ça permet à des traiteurs comme l'Atelier Gourmand de proposer des produits de top qualité, cuisinés avec amour.




Le chef, Christophe Vanderkelen, qui a travaillé dans plusieurs restaurants étoilés avant de démarrer son service traiteur il y a 19 ans, connaît son métier et ses produits, qu'il sélectionne scrupuleusement. Il va par exemple chercher sa viande de veau chez un producteur Liégeois, tandis que pour le boeuf il va à Rungis pour dégotter des quartiers d'Aubrac.

Christophe Vanderkelen

Tout cela à un prix, et il avoue lui-même qu'il est loin d'être bon marché, mais honnêtement, vu la qualité des produits et du travail pour les transformer, ça les vaut. Quand nous sommes arrivés, le magasin était déjà rangé donc nous n'avons pas vu tout l'assortiment, mais il paraît que sa mousse de jambon est à tomber et que son américain (qui contient 32 ingrédients, recette secrète) vaut à lui seul le détour.



Pour cette soirée, nous avons simplement cuisiné 2 entrées et un plat sous la direction du chef: carpaccio de Saint-Jacques (dont je me suis chargé avec Emma, on était fièrs du résultat) , asperges au beurre d'orange et enfin volaille aux morilles (morilles fraîches, of course). Nous avons pu constater que Christophe Vanderkelen pratique vraiment une cuisine de produit, qui met en valeur les produits d'exception qu'il travaille.


Il est pas beau, notre carpaccio? ;-)

Asperges au beurre d'orange




Volaille aux morilles: à tomber!


Faire cet atelier avec nous lui a semble-t'il redonné envie d'animer des ateliers, donc surveillez son site si vous êtes tentés, sinon vous pouvez toujours aller goûter ses préparations sur place (oui, je sais, il faut aller à Uccle, mais n'ayez pas peur, si vous êtes bien attentifs aux 4x4 avant de traverser, tout devrait bien se passer!) ;-).


On est à Uccle, donc y'a du caviar, dis, quoi! ;-)

mercredi 9 avril 2014

Conserve lacto-fermentée d'ail des ours et d'orties



Le printemps est là, et les herbes au jardin aussi, à ma grande joie bien sûr! Quand je rencontre quelqu'un qui va avoir pour la première fois un espace pour jardiner, je conseille toujours de commencer par des herbes, des perpétuelles de préférence, ou bien des annuelles qui vont se ressemer et envahir tranquillement l'espace.



C'est ainsi qu'année après année, notre petit jardin bruxellois est envahi par l'ail des ours, la roquette, les orties: autant d'herbes que j'adore travailler en cuisine. Pour ce début de printemps la roquette pointe seulement le bout de son nez, mais par contre l'ail des ours et les jeunes orties sont déjà bien présentes. Plutôt qu'un très classique pesto, j'ai choisi de les utiliser pour faire une conserve lacto-fermentée, en y ajoutant simplement de l'eau salée et quelques autres herbes qui ont cette année survécu à l'hiver très doux: sauge, origan, fleurs de chou, ainsi que quelques feuilles de pissenlit et de sa cousine velue, la porcelle. Une recette avec laquelle je participe au concours 'la cuisine sauvage' du site Recettes.de

Une fois le mélange fermenté, nous l'avons dégusté la première fois sur une tartine, mélangé avec le fromage de chèvre produit par Debbie de Gings Artisan Goats cheese, que j'avais reçu lors de la première édition du #Bxlff 'Brussels Food Friends' une rencontre très sympathique entre blogueurs bruxellois de tous horizons (la liste des participants ici).



Ingrédients (pour un pot):

100g d'herbes nettoyées et sans les tiges:

Feuilles d'ail des ours
Jeunes pousses d'orties
herbes sauvages ou du jardin en mélange (sauge, origan, pissenlit, porcelle)

1 cuill à soupe de gros sel marin
1 bol d'eau



Préparation:

Mettez le sel dans le bol d'eau et laissez dissoudre. Pendant ce temps, lavez soigneusement les herbes, puis hachez les grossièrement (sans les sécher). Mettez les herbes hachées dans un pot en tassant bien puis versez dessus l'eau salée.

Pour évitez que des herbes ne restent en surface et ne moisissent, j'ai utilisé une petite coupelle que j'ai placé dessus, sinon vous pouvez agiter le pot régulièrement. Laissez fermenter pendant quelques jours à température ambiante en ouvrant le pot tous les jours pour libérer les gaz (10 jours de fermentation pour moi). Quand vous estimez que la fermentation est à votre goût, vous pouvez passer le pot au frigo pour éviter qu'elle n'avance trop (et pourquoi pas y verser un peu d'huile pour former une couche protective). Votre conserve est alors prête à consommer: délicieux sur une tartine de fromage blanc par exemple!


Bon appétit!



vendredi 4 avril 2014

Gâteau russe 'lait d'oiseaux' à la farine de cerise à grappe (Ptichye Moloko) Птичье молоко




Waow, deux découvertes en une avec ce gâteau! Tout d'abord le gâteau 'Lait d'oiseaux', un classique russe que je ne connaissais pas: mousse meringuée alternée avec deux couches de génoise. C'est très léger, super aérien: une idée du paradis à la russe!

Deuxième découverte: la farine de cerise à grappe. C'est grâce à une lectrice d'origine russe, Alla, que j'ai découvert cette spécialité sibérienne qui est utilisé pour parfumer nombre de pâtisseries. Sous un post Facebook où je parlais de ma découverte du 'wattleseed' australien, elle me parle de cette mystérieuse farine. 

Ma curiosité est tout de suite piquée, et après quelques échanges, quand Alla propose de déposer un sachet de cette poudre magique dans ma boîte aux lettres, je suis en joie. Elle pousse même la générosité jusqu'à me traduire du russe deux recettes, dont celle que j'ai testé ici. Merci mille fois, Alla: c'est ce genre d'échange qui donne tout son intérêt à l'activité de blogueur! ;-)

Pour en revenir à la farine de cerise à grappe (cheremuha en russe: Черёмуха, bird cherry en anglais). Il s'agit d'une farine obtenue à partir des fruits du Cerisier à grappe (Prunus Padus). Les cerises de cet arbre du nord de l'Europe et de la Sibérie ne sont pas très intéressantes en soi, mais une fois séchées, puis réduites en poudre (entières, noyau compris!), on obtient une farine parfumée parfaite pour donner une touche originale à vos pâtisseries.





Au nez, la farine de cerise à grappe a une odeur d'amande amère, qui fait penser au malheb, cette poudre d'amandes de cerises, utilisée dans les pâtisseries grecques par exemple. En bouche, c'est beaucoup plus complexe: là où le mahaleb est amer, la cheremuha est légèrement sucrée, avec des notes presque chocolatées: un délice.

La recette traditionnelle du gâteau 'Lait d'oiseaux' ne contient pas de cheremuha, donc si vous n'avez pas de relation en Sibérie, vous pouvez parfumer la génoise à votre goût: chocolat, vanille,... malheb ;-)

Voici donc la recette que j'ai adapté de celle fournie par Alla: j'ai divisé les quantités par deux pour un moule à charnière de 20cm de diamètre et c'était parfait: idéal pour 6 personnes (4 si vous êtes gourmands) ;-)



Ingrédients:

Pour la génoise:

25g de farine de cerise à grappe (cheremuha) ( à défaut de la poudre d'amande et du cacao)
125ml de lait
120g de sucre
35g de beurre
3 oeufs
125g de farine
1 pincée de levure chimique

Pour la mousse meringuée:

200g de sucre
125ml d'eau
2g d'agar-agar
4 blancs d'oeuf
25g de sucre glace
1 trait de jus de citron
50g de beurre très mou
1 cuill à soupe de lait concentré sucré


Préparation:
Pour la génoise à la farine de cerise à grappe:
Portez à ébullition le lait avec la farine de cheremuha, laissez refroidir/gonfler. Montez les oeufs entiers avec le sucre. Quand l'"infusion" au lait a refroidi, fouettez-la avec le beurre fondu, puis incorporez délicatement les oeufs blanchis au sucre. Ajoutez petit à petit la farine de froment tamisée avec la levure chimique, mélangez doucement par mouvements circulaires. Versez dans un moule à manqué chemisé et enfournez 20-30 min à 170°. Coupez en deux couches lorsque la génoise a refroidi.

Pour la mousse meringuée:
Préparez le moule: placez à nouveau un rond de papier sulfurisé au fond du moule et une ou deux longues bandes sur le pourtour pour aider le démoulage et permettre de dépasser la hauteur du moule.
Portez à ébullition l'eau avec le sucre et l'agar-agar et laissez cuire 3min à feu doux. Pendant ce temps, montez les blancs en neige avec le sucre. Versez en fin filet le sirop d'agar-agar tout en battant à la vitesse minimale. Ajoutez le beurre mou et le lait concentré sucré, mélangez bien au mixer, ensuite versez très rapidement la moitié de la préparation dans le moule sur la moitié génoise, placez dessus l'autre moitié de génoise et versez le reste de la préparation (le soufflé prend instantanément). Réfrigérez 6 - 8 heures, démouler (ça devrait aller tout seul!). Classiquement, vous pouvez glacer le gâteau avec du chocolat fondu, mais j'ai préféré simplement le saupoudrer de cacao.
Bon appétit!

PS: une petite vidéo musicale, véritable ode au cerisier à grappe, digne des meilleurs moments de l'Eurovision: allez, tous ensemble: 'Oi, cheremuha' ;-)


dimanche 30 mars 2014

Mote sucio: maïs andin au porc et à l'ail (Equateur)



Le mote (du quechua mut'i), est une spécialité des Andes: du maïs géant nixtamalisé qu'on trouve dans plusieurs pays d'Amérique latine. Les grains de maïs étaient traditionnellement bouillis dans de l'eau avec des cendres, procédé qui permet de dissoudre la partie extérieure dure et non digestible du maïs, permettant une meilleure assimilition des vitamines. C'est ce qu'on appelle la nixtamalisation (technique à l'origine également de la pâte utilisée pour préparer les tortillas mexicaines). Aujourd'hui on utilise généralement de la chaux éteinte pour dissoudre la partie extérieure des grains.


Mote séché avant cuisson


On trouve du mote sous forme séchée dans les épiceries de produits latino-américains. Il suffit ensuite de le faire tremper une nuit avant de le cuire longuement à l'eau (ça ira plus vite en utilisant comme moi une cocotte minute). Le mote a une texture agréable, mais un goût très discret: pour le rendre plus goûtu, on le fait revenir en Equateur dans de la graisse de porc grillé (avec des morceaux frits, d'où le nom de moye sucio, c'est à dire moté 'sale'), avec de l'ail et des oignons jeunes. 

En Equateur on peut acheter du saindoux 'noir' (appelé beurre noir: manteca negra) qui est en fait la matière grasse obtenue en faisant rôtir du porc gras jusqu'à ce qu'il soit grillé: on peut facilement en préparer maison  à partir de lard, comme je le décrit dans cette recette.



Ingrédients:

Pour le porc et la manteca negra:

4 tranches de lard
1 cuill à soupe de cumin
2 gousses d'ail pressé 
2 cuill à soupe de vinaigre (du Melfor, vinaigre au miel alsacien pour moi)
1 cuill à café de sel

Pour le mote:

500g de mote séché (maïs nixtamalisé andin)
2 gousses d'ail finement haché
4 cuill à soupe d'oignons jeunes hachés (blanc et vert)

Mote après cuisson à l'eau


Préparation:

La veille rincez le mote, et couvrez le très largement d'eau. Faites tremper pendant la nuit.
Pour la cuisson, rincez le mote, placez le dans votre cocotte minute, recouvrez très largement d'eau (non salée), amenez à ébullition et faites cuire sous pression pendant 45 minutes environ. Pour tester la cuisson, coupez un grain de maïs en deux: il ne doit plus y avoir de partie blanche au coeur. Si vous n'avez pas de cocotte minute, faites cuire en cocotte pendant 2 à 3 heures environ.

Pendant ce temps, faites mariner les tranches de lard avec l'ail, le cumin, le sel et le vinaigre (au moins 1 heure). Placez le tout dans une casserole à fond épais et faites chauffez doucement à couvert pendant 30 minutes environ: le lard va rendre de l'eau et de la graisse. Retirez les morceau de lard: séparez le gras de la viande: réservez la viande à part, transférez le gras coupé en petits morceaux et la graisse rendue dans une grande sauteuse.

Peu avant de servir, faites chauffez le gras en morceaux et la graisse dans la sauteuse, jusqu'à ce que le gras brunisse et rétrécisse. Ajoutez alors l'ail émincé et les oignons jeunes ciselés. Faites revenir 2-3 minutes, puis ajoutez le mote chaud égoutté.

Salez et faites revenir le tout pendant quelques minutes pour bien enrober le mote des saveurs de l'ail, du porc frit et des oignons jeunes. Servez bien chaud, garni d'oignons jeunes ou de ciboulette, avec la viande de porc en accompagnement et une salade verte.

Bon appétit!